Présidentielles 2012

samedi 1 septembre 2007

Discours de Sarkozy au MEDEF (5)

Cinquième et dernière partie (si vous avez lu jusqu'ici, bravo!) :

Les partenaires sociaux doivent jouer le jeu : jouer le jeu pour les partenaires sociaux c'est être responsable.

Les juges doivent jouer le jeu : jouer le jeu pour les juges c'est ne pas se laisser tenter par le Gouvernement des juges, c'est ne pas se laisser aller à devenir les arbitres de la politique et à juger de la manière dont les chefs d'entreprises font leur métier.

Nous ne parviendrons à obtenir la croissance que si nous jouons collectivement le jeu de la mondialisation. Mais il ne faut pas être naïf !

Qui dans le monde joue le jeu du libre échange ? Qui joue le jeu de la réciprocité ? Qui joue le jeu de la concurrence loyale ?

Jouer le jeu ? Oui mais pas tout seul.

Regardons en face la réalité du marché : nous parlons d'une mondialisation qui n'existe déjà plus, si elle a jamais existé. Nous parlons d'une mondialisation qui serait l'extension de la concurrence parfaite à l'échelle planétaire. Alors parlons d'une mondialisation qui serait le triomphe de l'économie de marché et de la démocratie partout dans le monde. Nous parlons d'une mondialisation qui serait une promesse de paix et de prospérité.

Après la chute du mur de Berlin on a même cru pouvoir annoncer la fin de l'histoire. Regardons la réalité du monde. Le monde est-il magique que celui d'hier ?

Nous parlons d'une mondialisation où tout serait transparent, où tout serait ouvert, où le dumping monétaire n'existerait pas davantage que le dumping social, le dumping écologique ou le dumping fiscal.

Regardons le monde : qui joue le jeu, honnêtement, loyalement, sans chercher à faire prévaloir ses intérêts par tous les moyens ?

Regardons le monde et posons-nous la question : devons-nous être naïfs au point d'être les seuls à ne pas défendre nos intérêts quand tous les autres défendent les leurs ?

Je parle d'abord pour l'Europe. Si les Français ont voté non à la Constitution européenne et beaucoup d'autres peuples l'auraient fait si on leur avait posé la question, c'est d'abord parce qu'ils avaient le sentiment que l'Europe, au lieu de les protéger, les exposait à tous les périls. C'est parce qu'ils avaient le sentiment qu'elle ne les rendait pas plus fort mais au contraire plus vulnérables.

Si l'Europe renonce à se défendre, si elle renonce à se protéger, quand tous les autres se défendent et se protègent, si elle renonce à agir et se contente de subir quand tous les autres font le contraire. Si l'Euro ne cesse de s'apprécier quand le dollar, le yuan ou le yen ne cessent de se déprécier. Si elle impose à ses entreprises des règles pour lutter contre la pollution et contre le réchauffement climatique quand les autres n'en imposent aucune. Si elle reste grande ouverte aux produits qui sont fabriqués grâce au travail des enfants ou des prisonniers.

Si les règles de la concurrence y sont plus dures que partout ailleurs. Si c'est la seule région du monde où il est impossible de conduire des politiques industrielles, des politiques commerciales ou des politiques de change, alors l'Europe sera condamné.

Si nous ne sommes pas capables de doter l'Europe d'un gouvernement économique. Si nous ne sommes pas capables de mettre l'Euro au service de l'économie européenne. Si nous ne sommes pas capables d'instaurer une véritable préférence communautaire.

Si l'Europe n'est pas capable de reconnaître que la concurrence est un moyen et non pas une fin en soi et d'en tirer les conséquences, alors l'Europe deviendra la proie des prédateurs du monde entier et la victime expiatoire d'une mondialisation qui ne fait d'abord le bonheur que de ceux qui n'ont aucun état d'âme à en jouer le jeu de leurs intérêts.

Sur cette idée que l'Europe se construit d'abord pour protéger les Européens, pour leur permettre de se battre dans la mondialisation à armes égales avec tous leurs concurrents, pour exprimer une volonté d'agir ensemble et non un renoncement collectif, j'irai jusqu'au bout.

Je ne baisserai pas les bras.

On me dit : c'est impossible. Mais le Traité simplifié aussi c'était impossible ! Sauver Alstom aussi c'était impossible.

On me dit que ce n'est pas la peine de se battre parce que la France est minoritaire.

Mais qu'est-ce que la politique sinon de tout faire pour transformer une minorité en majorité. Sinon de tout mettre en œuvre pour faire partager une conviction par le plus grand nombre. Sinon, ça sert à quoi de faire de la politique ? Sinon, c'est quoi la démocratie ?

On me disait : sur la politique de l'Euro, la France est isolée. Elle ne doit pas parler du cours de l'Euro parce que la Banque Centrale Européenne est indépendante. Comme si la monnaie ce n'était pas l'affaire de tous. Comme si la monnaie c'était un sujet qui ne concernait pas la politique, qui n'avait aucune incidence sur la vie des gens, sur la croissance, sur l'emploi. Et regardez ce qui est en train de se passer. Regardez comment les évènements sont en train de me donner de raison d'avoir ouvert ce débat.

Si nous voulons que l'Europe vive, il ne faut pas avoir peur de dire ce que l'on pense, il ne faut pas avoir peur des idées, il ne faut pas avoir peur du débat.

Si nous voulons que l'Europe redevienne une zone de croissance, il faut que nous acceptions de regarder le monde tel qu'il est et d'en parler. Il faut que nous sortions des dogmes.

Je veux remettre de la politique en Europe. Voyez-vous, l'économie ce n'est pas antinomique de la politique.

Partout dans le monde l'économie et la politique sont liées, l'économie et la politique ne se confondent pas, mais elles coopèrent.

Depuis que le capitalisme existe, la croissance est toujours le fruit d'une coopération réussie entre la puissance publique et l'initiative privée, d'une coordination efficace entre l'intérêt général et l'intérêt particulier.

Pourquoi l'Europe serait-elle condamnée à être la seule région du monde où les choses ne se passeraient pas ainsi ?

Pourquoi la France serait-elle condamnée à être l'un des pays où les relations entre l'Etat, la société civile et les entreprises sont les plus compliquées ?

Changer tout cela, voilà l'objectif que je me fixe pour les cinq années à venir. Mais ne vous y trompez pas : la politique économique n'est pas une branche à part de la politique.

Elle relève d'un projet de société, d'une conception de la civilisation, d'une certaine idée de l'homme, de sa liberté, de sa responsabilité, de sa dignité.

C'est dire s'il nous faut collectivement être ambitieux, s'il nous faut voir large et loin.

C'est dire dans ce moment où la civilisation mondiale se trouve bouleversée par tant de révolutions, où tout est en chemin, la tâche qui nous attend après tant d'hésitations, est immense.

Je sais que cela ne vous fait pas peur. Je sais qu'en conjuguant vos énergies, vos talents, vos imaginations, la France peut regarder son avenir avec confiance.

Je sais que je peux compter sur vous.

Je sais que cela ne vous fait pas peur. Je sais qu'en conjuguant vos énergies, vos talents, vos imaginations, la France peut regarder son avenir avec confiance.

Je sais que je peux compter sur vous.

Vous pouvez compter sur moi.

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