Présidentielles 2012

samedi 1 septembre 2007

Discours de Sarkozy au MEDEF (4)

Quatrième partie :


Je veux rendre aux Français le goût du risque, le goût d'entreprendre. Mais comment y parvenir si le droit, au lieu de circonscrire le risque le rend ingérable ? Comment y parvenir si au risque financier s'ajoute systématiquement le risque pénal ? Si la moindre erreur de gestion peut vous conduire en prison ? Il est temps de se poser quelques questions de bon sens. Par exemple de se demander pourquoi doubler systématiquement les procédures civiles par des procédures pénales ? Pourquoi recourir au droit pénal quand on peut régler les litiges autrement ?

J'ai demandé au garde des sceaux de se saisir de ce dossier et de me faire rapidement des propositions.


A un capitalisme purement financier, à ses dérives, à ses excès je veux opposer un capitalisme d'entrepreneurs. Aux spéculateurs je veux opposer les producteurs, les inventeurs, les créateurs.

On ne peut pas à la fois dénoncer sans cesse le capitalisme financier et la dictature des marchés, et continuer de décourager les entrepreneurs, de les démoraliser, de leur livrer une guerre fiscale, règlementaire, judiciaire sans merci, de les empêcher par tous les moyens de réussir.

On ne peut pas à la fois se scandaliser des licenciements boursiers, du cynisme des fonds d'investissements, des délocalisations et affaiblir par tous les moyens le capitalisme familial, ne pas donner aux PME les moyens de se développer, ou d'exporter. On ne peut pas se plaindre sans arrêt de l'obsession du profit à court terme et laisse tomber la production, laisser tomber l'industrie, ou permettre à la spéculation de se financer plus facilement que l'investissement.

On ne peut pas déplorer sans arrêt la perte de sens moral dans le capitalisme financier et ne pas encourager un capitalisme d'entrepreneurs qui repose sur les valeurs du travail, de l'effort, du courage, de l'imagination, de l'initiative. Je veux en finir avec l'idéologie qui met l'entrepreneur au ban de la société. Je veux mettre l'entrepreneur au cœur de mon projet économique. Je veux promouvoir l'esprit d'entreprise, je veux qu'il redevienne une valeur. Je veux donner à l'entrepreneur les moyens d'entreprendre.

Je veux que l'aide aux entreprises se concentre sur les PME qui grandissent. Je veux que l'Etat soit à leur côté pour conquérir des marchés à l'international, pour exporter. Je veux que la France se dote d'un "Small Business Act" sur le modèle américain qui permette de réserver une partie des marchés publics aux PME. Je me battrai pour convaincre nos partenaires européens. Je me battrai à Bruxelles. Je me battrai à l'OMC. J'irai jusqu'au bout parce que c'est une idée juste et parce qu'il n'y a pas de raison que ce qui est autorisé pour les Américains soit interdit pour les autres.

L'idée d'une politique industrielle ne me fait pas peur. Je ne laisserai pas notre industrie à la merci de tous les dumpings et de tous les spéculateurs. Je veux que la France ait une politique énergétique qui lui permettre de garantir sa sécurité d'approvisionnement, son indépendance et sa compétitivité. Je veux que la France recueille tout le bénéfice des efforts qu'elle a accomplis dans le domaine de l'énergie depuis plus d'un demi-siècle. Je veux quelle puisse jouer un rôle central sur le marché européen.

Elle a acquis une maîtrise de l'énergie nucléaire qui est un atout considérable. Elle a une compétence reconnue, des entreprises magnifiques. Il faut leur donner les moyens de se développer. C'est dans cet esprit que j'ai proposé à Suez de fusionner ses activités énergétiques avec Gaz de France et de constituer un grand groupe de gaz et d'électricité à la dimension du marché européen dont l'Etat sera le principal actionnaire. Cela suppose que Suez fasse un choix stratégique en se spécialisant dans l'énergie. Il appartient maintenant à ses actionnaires d'en décider.

D'autres choix stratégiques sont à faire en matière d'énergie. Celui du nucléaire. Celui des énergies renouvelables. La France doit y investir massivement. Mais je le dis aussi, je n'accepterai pas qu'au nom d'une fausse conception de la concurrence les tarifs de l'électricité et du gaz augmentent plus vite que les coûts. Nous n'avons pas fait tant d'efforts, tant d'investissements pour aligner nos prix sur nos concurrents européens les moins performants en pénalisant le pouvoir d'achat des Français et notre compétitivité.

Vous allez voir qu'en retroussant nos manches, avec un peu de courage, de volonté et d'ardeur, avec le talent et l'intelligence des Français nous allons faire de la croissance, et que grâce à cette croissance nous aurons le plein emploi, nous aurons l'augmentation du pouvoir d'achat et nous aurons la réduction des déficits. Mais nous n'y parviendrons que si tout le monde joue le jeu. Si l'Etat donne l'exemple, vous aussi vous devez être exemplaires. Vous pouvez compter sur moi pour que l'Etat joue le jeu, pour qu'il allège vos charges, vos contraintes, pour qu'il libère le travail. Mais vous aussi vous devez jouer le jeu. Vous devez investir, vous devez respecter l'obligation de négocier sur les salaires. Vous devez faire un effort sur les salaires chaque fois que c'est possible. Le mot salaire ne doit pas être un gros mot. C'est le prix du rétablissement de la confiance avec les salariés.

Les banques aussi doivent jouer le jeu. Je le dit solennellement : jouer le jeu pour les banques c'est ne pas prêter plus aux spéculateurs qu'aux entreprises et aux ménages. C'est ne pas resserrer le crédit à l'économie pour compenser les risques excessifs qu'elles ont prises sur les marchés financiers.

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