Présidentielles 2012

samedi 1 septembre 2007

Discours de Sarkozy : le commentaire

Maintenant que j'ai contribué à sa diffusion, j'ai bien l'intention de le commenter, ce discours.
Le Figaro parle d'un discours de vérité, Mme Parisot (patronne des patrons) parle d'un discours historique, France 2 d'un discours offensif, l'humanité dénonce un tour de passe-passe et le reste de la presse, de discours réformateur (sous entendu : bon) ou inutile, tandis que la blogopshère emboîte le pas à la presse, parlant de ce discours avec un manichéisme impressionnant.

Analysons ce discours.
Tout d'abord, Sarkozy fait l'apologie de l'entreprise ("j'ai voulu exprimer mon souhait que toute la Nation soit rassemblée derrière ses entreprises") et des entrepreneurs ("Je veux vous [patrons] dire publiquement mon amitié et mon admiration pour le formidable travail que vous accomplissez tous les jours au service de l'économie de notre pays."). Est-ce vraiment nouveau ?
Non, Sarkozy a toujours montré qu'il aimait les entreprises et les patrons, seulement c'est la première fois qu'il le dit si directement (la Nation rassemblée derrière les entreprises...).
Il part ensuite dans une diatribe contre le conformisme, l'immobilisme, bref, la pensée unique, celle de Mai 68. On l'a déjà entendu, ce disque!
Ainsi, alors qu'à droite, certains se plaignent de ne pas la voir, il se veut homme de la rupture, le tout accompagné de multiples métaphores qui donnent l'impression d'un homme qui fait dans le concret ("bousculer", "prendre à bras le corps", "avancer", ...).
Il nous explique ensuite qu'il veut (et c'est sans doute ce que le Figaro a cru bon de souligner) parler le langage de la vérité.
Outre le fait que M. Sarkozy aime faire des phrases à rallonge ce qui est à la mode en ce moment (pourquoi ne pas dire "Je veux dire la vérité"?), il enfonce des portes ouvertes ("
La vérité c'est que l'on ne peut pas durablement dépenser plus que l'on produit.").
Après avoir pourfendu la pensée unique et l'opposition entre économique et social, ménages et entreprises, M. Sarkozy passe à la deuxième partie de son discours : la croissance.
Rapidement, petit passage sur le thème "je suis un homme d'action" (sous-entendu : nous avons eu une mauvaise croissance au dernier trimestre, vu que la conjoncture se ralentit, qu'importe, allons de l'avant).
Il nous explique que l'Euro fait baisser le pouvoir d'achat et que les indices gouvernementaux (indice des prix) sont faussés.
M. Sarkozy se gargarise ensuite de ses réformes (paquet fiscal et ISF) pour en annoncer d'autres : assouplissement des 35 heures et aller plus loin dans la concurrence et détaxer davantage le travailleur (il vaut mieux taxer le pollueur que le travailleur)!
Rien que ça!
Taxer le travailleur, qu'est-ce que cela veut dire... Les impôts, les charges salariales ou les charges patronales ?
Puis, c'est au tour de l'Etat : il faut faire des économies, mais pas contre les fonctionnaires, avec eux.
Il faut dégraisser, en somme.
Petite séance d'autocongratulation : la loi sur les universités va tout changer et celle sur les transports va libérer les usagers.
Il nous parle aussi (et obscurément) d'une lutte contre la fraude... la contrefaçon... le travail au noir... sans bien cerner le dispositif ni quelles fraudes seront concernées.

Enfin une annonce : un crédit d'impôt à la recherche triplé et majoré de 50% la première année.

Suit après un long passage sur la sécurisation juridique du patron et du salarié (passant par la fusion de l'Unedic et de l'ANPE ?), sans pour autant faire de propositions concrètes ni même d'avancer des idées de propositions ("J'ai demandé au garde des sceaux de se saisir de ce dossier et de me faire rapidement des propositions.").
Il parle du mauvais capitalisme, opposé au capitalisme des entrepreneurs (capitalisme des patrons voyous/capitalisme des entrepreneurs). Inutile de préciser celui qu'il défend, l'inverse aurait été étonnant.
Il veut que la France ait un Small Business Act.
Suit un discours sur l'énergie : on fait le choix du nucléaire ET des énergies renouvelables.
Ensuite, petite séquence seul-au-monde : on m'a dit que c'était impossible... je l'ai fait... je ne baisserai pas les bras... On me disait... Comme si... Comme si...

Et là, c'est la fin.

Bon, oui, c'est un long discours, mais au fond, il y a tout de même assez peu de choses.
Alors que retenir ?
Je mettrais cette phrase en gros :

Voyez-vous, l'économie ce n'est pas antinomique de la politique.

Et celle-ci :

J'ai voulu exprimer mon souhait que toute la Nation soit rassemblée derrière ses entreprises.



Côté stratégie, rien de nouveau depuis les présidentielles.
Saupoudré de "Je le dis comme je le pense..." "En vérité..." "C'est...", ce discours a pour but de rendre M. Sarkozy plus "vrai" (tout comme le titre du Figaro) et plus proche des gens.

Bref, c'était vraiment pas la peine d'en faire tout un plat!
En revanche, pas un mot sur les Présidentielles 2012, ni sur les deux quinquennats, etc. mais nous ne sommes pas encore assez proches de l'échéance pour que cela soit significatif.

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